La parole aux alternants

Il nous a semblé important d’illustrer les chiffres de l’article précédent et l’implication de l’AGERA dans le développement de l’apprentissage au travers de témoignages d’étudiants de quelques écoles du réseau. Quelle est la valeur ajoutée de l’alternance ? Quel type de parcours propose-t-elle ? Quels sont les apports au niveau pédagogique, employabilité ?…


Témoignage de Thierry Ytournel

Mon orientation n’était pas une question de niveau, mais un choix, une forte envie d’alterner enseignements académiques et apprentissages sur le terrain

Un cursus à 100% en alternance

À 28 ans, Thierry Ytournel est ingénieur Études et Méthodes chez Bourg Industries, un acteur national de la fabrication d’articles de quincaillerie et de pièces sur plan pour toutes les industries, basé à Saint-Sixte, dans le pays d’Astrée (42). Arrivé dans l’entreprise en 2015, il a suivi une formation d’ingénieur en Mécanique et Génie Industriel en apprentissage à SIGMA Clermont.

Flash back sur le parcours de cet ardent défenseur de l’apprentissage

C’est en troisième qu’il fait le choix de l’alternance avec une orientation en CAP Chaudronnerie, suivi d’un bac pro, puis d’un BTS et d’un diplôme d’ingénieur, le tout avec brio. Il précise : « J’ai choisi d’aller au CFA du Roannais au grand dam des enseignants qui me poussaient à poursuivre en seconde générale. Mon orientation n’était pas une question de niveau, mais un choix, une forte envie d’alterner enseignements académiques et apprentissages sur le terrain. Ma famille, elle, n’a jamais considéré l’apprentissage comme une voie de garage. Bien au contraire, le passage par l’entreprise était considéré comme la garantie d’obtenir un travail ».

Choisir sa filière et suivre ses choix

S’il aime commenter ses choix, c’est pour partager les valeurs qui animent son parcours. « Choisir une voie professionnelle, c’est apprendre un métier, c’est voir où l’on va et évoluer très vite. » C’est aussi repousser les limites et s’investir à 200%. Au-delà de la capacité d’adaptation que nécessite l’alternance, savoir travailler plus peut s’avérer indispensable pour acquérir le niveau de langues requis dans un environnement international et les bases scientifiques et technologiques nécessaires pour exercer des responsabilités d’ingénieur.
Si l’alternance possède ses exigences, elle a aussi ses avantages. Très jeune, Thierry est autonome financièrement. En plus d’un parcours réussi chez SUC réalisations où il obtient son BTS premier inter académique de Paca, et est sélectionné par l’école d’ingénieur pour suivre la formation par apprentissage.


Témoignage de Mélanie Adil Koaiche

Avoir une vision concrète du contexte industriel.

“J’ai découvert les Sciences de l’Ingénieur pendant le lycée. Quand j’ai dû faire un choix pour mon orientation, j’hésitais entre l’informatique et l’électronique. Je voulais une formation concrète. Je me suis donc orientée vers un DUT GEII (Génie Électrique et Informatique Industrielle) qui me semblait être un bon compromis. C’est là où j’ai découvert l’apprentissage, grâce à l’intervention de plusieurs ingénieurs apprentis”, explique Mélanie Adil Koaiche.

Aujourd’hui, Mélanie a intégré l’entreprise Thales Communications & Security afin de devenir ingénieur apprentie à Grenoble INP-Phelma, promotion 2017/2020, dans la filière Microélectronique et Télécom (MT).

La première raison de son choix était l’envie d’entrer dans la vie professionnelle, pour avoir une vision concrète du contexte industriel, mais aussi pour appliquer les cours, découvrir et approfondir certains domaines pas ou peu étudiés à l’école. De plus, outre les compétences techniques, elle trouvait intéressant de développer une vision globale du fonctionnement de l’entreprise. L’apprentissage est également une autre façon d’apprendre car s’il existe une base commune au niveau des connaissances avec l’école, chacun évolue dans différents domaines au sein de son entreprise. Aussi, quand tous se retrouvent, les échanges sont enrichissants car nourris de leurs différentes expériences professionnelles. Pour Mélanie, “c’est un réel atout pour mener à bien les nombreux projets et TP car dans notre filière, on a la chance de se former dans un environnement avec un accès direct à la salle blanche, aux outils de CAO et aux plateformes de caractérisation du Centre Interuniversitaire en Microélectronique (CIME Nanotech).”

La jeune femme alterne donc des périodes équilibrées entre l’école et son entreprise où elle se forme au métier d’Ingénieur en Développement FPGA/SOC*. Son conseil pour les futurs apprentis : “Je pense qu’il faut déjà avoir quelques idées et réfléchir sur ce qu’on veut faire si on veut suivre des études par apprentissage, mais ça vaut le coup car c’est une expérience formidable !”

*FPGA pour Field-Programmable Gate Array (Circuit logique programmable) et SOC pour System On Chip (Système sur puce).


Témoignage de Victor Brissot

La force de l’apprentissage pour moi : être capable de mettre en relation directe une formation avec le métier qu’elle vise.

Victor Brissot a rejoint l’INP-ESISAR en provenance d’un DUT Informatique. Pour lui, préparer un diplôme d’ingénieur en alternance était une chance, car encore peu développé pour l’époque. La formation était organisée en partenariat avec l’ITII Dauphiné-Vivrais. Il se souvient avoir été très impatient de mettre en pratique ce qu’il avait appris, tout en souhaitant continuer ses études pour devenir ingénieur.

Victor a passé trois ans chez Legrand à travailler sur les interrupteurs Zigbee (interrupteurs de commande sans-fils). “Au-delà de l’aspect technique des tâches qui m’étaient confiées, l’expérience la plus importante que je retiendrai concerne la vie en entreprise. C’est quelque chose de très flou et assez impressionnant pour un étudiant qui ne l’a souvent connue que par l’intermédiaire de stages.” Selon lui, comprendre le fonctionnement d’une entreprise permet réellement de savoir ce qui nous correspond le mieux : ingénieur de développement, chef de projet, ingénieur d’affaires, ingénieur méthodes… autant de nuances et de possibilités qu’il est difficile de visualiser pour un étudiant en filière classique.

En contrepartie, la difficulté de l’apprentissage, pour les enseignants, est de conserver l’intérêt des apprentis pour les cours théoriques alors qu’ils ont déjà la vision du métier en entreprise (même si elle n’est encore que partielle). On a déjà tous entendu : « Ça me ne servira jamais à rien dans ma vie professionnelle » ! Pourtant, pour Victor, c’est justement ce qui fait la force de l’apprentissage : être capable de mettre en relation directe une formation avec le métier qu’elle vise. “Mais les apprentis ont besoin d’être accompagnés pour le comprendre et c’est ce que fait très bien l’Esisar”, reconnait le jeune homme.

Désormais, il essaie donc de mettre à profit cette expérience en tant que maître d’apprentissage : “Chez SNEF Lab, j’accompagne un apprenti pour la première fois depuis deux ans maintenant. Avec la volonté de lui montrer tous les avantages de cette formation, tout en comprenant les craintes et les incompréhensions d’un jeune qui apprend son métier.”


Témoignage de Bertrand Chevaux

Être un salarié plus rapidement autonome et performant.

Bertrand Chevaux réalise son alternance au sein de l’agence de Dijon du groupe national Léon Grosse. Celle-ci travaille principalement en entreprise générale dans le secteur du bâtiment et du nucléaire. “Mon choix s’est porté sur l’alternance car je voulais une formation plus concrète que théorique”, nous explique Bertrand Chevaux, étudiant apprenti Ingénieur Génie Civil spécialité BTP, en 4e année à l’ENISE.

Je souhaitais également être plongé dans le monde professionnel rapidement. Par ailleurs, je suis dans un domaine, où sans expérience du terrain, il est très compliqué de s’affirmer et d’être compétitif.” L’ENISE proposant des périodes importantes en entreprise, ceci lui permet d’être totalement intégré dans l’entreprise et de devenir ainsi un salarié plus rapidement autonome et performant. Cette formation lui permettra à terme de bénéficier d’une réelle expérience professionnelle dans sa future recherche d’emploi, point non négligeable selon lui.

“Pour ma part, ajoute Bertrand, cette formation proposée par l’ENISE est enrichissante grâce à l’accompagnement réalisé par mes tuteurs. Un tuteur école est à mes côtés pour la partie scolaire et un maître d’apprentissage concernant le côté professionnel. Celui-ci dispose d’une importante expérience et d’un réseau dans ce domaine qu’il n’hésite pas à me faire partager.” Cela lui a permis, notamment, de travailler sur de gros chantiers et de côtoyer des clients aussi prestigieux qu’atypiques comme lors de la construction d’un hôpital à Dijon pour la Générale de Santé ou la construction de bâtiments pour le Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives de Valduc.

“Ma formation réalisée à l’ENISE me donne l’occasion de proposer des solutions crédibles tout en utilisant mes compétences techniques apprises avec Léon Grosse. L’apprentissage est un bon compromis entre la vie étudiante et la vie salariée.”


Témoignage de Didier Olive

Être apprenti permet d’acquérir en parallèle de mes études une vraie prise de recul.

Suite à une expérience professionnelle dans l’ingénierie, Didier Olive a décidé de reprendre ses études. Pour cela, il a choisi  de préparer un diplôme d’ingénieur spécialité Systèmes Électroniques Embarqués, en alternance avec l’ISTP et Mines Saint-Étienne.

“Je suis actuellement en apprentissage chez Thales, leader européen dans le domaine de l’électronique, nous explique Didier. Être apprenti permet d’acquérir en parallèle de mes études une vraie prise de recul. Cette immersion nous fait mieux comprendre les exigences attendues chez un ingénieur.”

Selon lui, l’alternance est un formidable tremplin pour l’emploi, permettant d’appliquer en entreprise toutes les méthodologies couvertes durant sa formation. Elle permet également une prise graduelle de responsabilité et d’autonomie, grâce à un dialogue constant entre le tuteur et les acteurs de la formation.

De plus, étant intégralement immergé en milieu professionnel, elle offre une réelle vision sur sa montée en compétences et un retour d’expérience sur les problèmes rencontrés. “Et une fois diplômé, conclut l’étudiant, l’apprentissage permet de valoriser une expérience de trois ans en cohérence avec ma formation, donc mon projet professionnel.”