“PME et écosystème régional d’innovation, un enjeu pour l’équilibre territorial, un enjeu pour l’enseignement supérieur et la recherche”

La commission PME a co-organisé ce colloque avec le CESER le 27 juin à l’hôtel de Région Auvergne Rhône Alpes à la Confluence. C’est la 5e édition d’un colloque conjoint AGERA/CESER dont l’objectif est d’analyser les thématiques permettant de resserrer les liens entre l’Enseignement supérieur, la recherche et le monde de l’entreprise sur le territoire régional.

1. La première table ronde,
bien orchestrée par Nathalie Mezureux, directrice de l’ENSAL et membre de la commission ESR du CESER, s’est efforcée de définir la culture des PME, leurs attentes et leurs spécificités.

Olivier Bachelard, directeur du campus Saint-Étienne de l’EM Lyon, qui vient de publier un ouvrage sur le bien-être au travail, a décrypté les caractéristiques de la « culture PME ». L’entrepreneur d’une PME doit avoir une pensée stratégique, une capacité relationnelle pour construire des ponts entre les salariés dont il est très proche et pour insuffler la capacité d’innover. Le travail bien fait produit de la reconnaissance et contribue au bien-être du salarié encore plus sensible dans une PME que dans un grand groupe. Les grandes écoles peuvent apporter une ouverture sur les besoins en innovation en mettant à disposition des stagiaires, des apprentis, des enseignants à travers des projets d’entreprise, que ce soit en formation initiale ou en formation continue.

Thierry Roche, architecte et dirigeant de la PME atelier Thierry Roche, a posé la question de la finalité de l’entreprise. Faut-il accepter tous les projets au risque d’emmener les salariés au burn out ? Un travail est nécessaire à faire sur le développement des compétences en interne, d’où un budget conséquent alloué à la formation continue. Il a évoqué l’importance de la communication non violente, de la bonne estime de soi même pour qu’il y ait une bonne ambiance dans l’entreprise.

Jean Ramirez, chef d’entreprise de la PME Largier Technologie (installateur plombier chauffagiste), a bousculé l’auditoire par une présentation très osée de son management innovant. Les salariés de sa PME sont répartis par équipes. Chaque équipe est une petite entreprise à qui tout est délégué, qui a loisir de recruter, d’acheter et dans laquelle tout salarié, qui se doit d’être polyvalent, est impliqué, du début du projet à sa réalisation. Cette forme de gestion et de management participatif exige beaucoup de formation et un excellent système de communication. Toutes les données des équipes sont disponibles sur un intranet. Le dirigeant Jean Ramirez a pour tâche de faire le lien communicant entre ses responsables d’équipes. Les nombreuses questions qui lui ont été posées prouvent l’intérêt des participants à ce nouveau genre de leadership.

Nathalie Mesureux, Olivier Bachelard et Bérangère Charbonnier

Bérangère Charbonnier a évoqué les objectifs du CESI : comprendre ce qu’attendent les entreprises pour gérer une relation tripartite PME-CESI-étudiant, en mettant au cœur de la pédagogie les spécificités et attentes des PME à l’attention d’élèves ingénieurs jeunes ou moins jeunes. 70% des clients du CESI sont des PME. Les étudiants sont accompagnés par une façon de penser l’innovation, de vivre dans un environnement précis en entreprise dans le monde de demain où devront être déployées les compétences pour les métiers du futur. Il faut donc être créatif, proactif et adaptable.

Bruno Bouvier, membre du CESER (syndicaliste CGT) a évoqué 2 articles du code du travail sur l’accès des salariés à la formation et la possibilité d’évolution de qualification. Il a soulevé la question du socle de formation conséquent pour les salariés et comment faire face aux ruptures de carrière. Les réponses ne se trouvent pas toujours au niveau de l’entreprise mais aussi au niveau des branches, des secteurs d’activité, ou du territoire.

Entre les deux tables rondes, une vidéo de la plateforme Easytech de Grenoble INP-Esisar a été projetée présentant une start-up PME qui fabrique des systèmes de protection pour drones en cas de chute. Le produit a été développé par un jeune diplômé de l’école qui a permis le démarrage de cette start-up.

2. La deuxième table ronde,
animée par Laurent Rieutor du CESER, a apporté des réponses territoriales et un partage de bonnes pratiques.

Grégoire Feyt, vice-président délégué aux relations avec les territoires de l’université de Grenoble Alpes, a présenté une étude cartographiée sur la diffusion inégale de l’innovation dans les territoires, à travers les stages des étudiants et leur devenir.

Emmanuelle Perret, chargée de mission Innovation, UIMM de l’Ain, a intéressé l’auditoire par de nombreux exemples concrets sur l’expérience menée dans l’accompagnement des PME sur l’innovation en lien avec les écoles d’ingénieurs dans un territoire historiquement industriel avec 80% de PME, mais qui n’a aucune école ou institution d’ESR. L’UIMM a mis en place 3 conventions avec Grenoble INP, INSA et EMlyon pour expliquer aux jeunes l’intérêt de travailler en PME, via les enseignants-chercheurs, pour booster les projets d’innovation pendant les stages.

Thierry Martin-Lassagne, Michelin Développement, a expliqué que Michelin, comme les PME, est enraciné dans son territoire. Les PME sont un modèle pour Michelin dont la taille est un handicap. Il a ajouté que l’état d’esprit PME est à capter.

Jean-Baptiste Lesort

• La question de l’attractivité du territoire a été évoquée et complétée par l’expérience unique réalisée sur le territoire d’Ambert, initiée par Thomas Paillard, directeur général de Joubert productions (équipementier automobile) et menée avec un réseau de PME locales pour attirer des talents, aider à l’embauche du conjoint et offrir aux jeunes un intérêt à venir travailler et faire carrière sur ce territoire plutôt isolé et a priori non attractif. Les collectivités locales territoriales jouent le jeu en aidant à l’accès au logement. Toute une solidarité des territoires qui s’organise pour l’accueil des compétences et des talents !

C’est Jean-Baptiste Lesort, en tant que président sortant de l’AGERA, qui a conclu en évoquant le chantier régional Elence, dans lequel l’AGERA est investie et qui est au cœur du sujet “Santé et qualité de vie au travail”, car avant tout, les diplômés de nos écoles sont de futurs managers qui pourront développer de nouveaux modes d’organisation visant à la performance globale de l’entreprise. Il a proposé d’en faire la thématique d’un prochain colloque AGERA/CESER en 2018.

LES 4 PRÉCÉDENTES ÉDITIONS DES COLLOQUES AGERA/CESER
2011 : les deux institutions AGER -CESER avaient organisé un colloque sur l’innovation “Entrepreneurs, innovons ensemble avec l’enseignement supérieur”.
2013 : “Compétences et appétences pour l’industrie” en collaboration avec l’institut Confluence.
2014 : “Industries du futur, métiers de demain”.
2015 : “Innover pour apprendre et apprendre pour innover, l’innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur, développement économique et social”.